BRUNO LEYVALÀ propos Journal Notes Boutique
L’art du juste
L'art est une des expressions suprêmes de l'humanité. L’art est de créer de la beauté. L’art est de rendre grâce à la sainteté. Toute l’énergie du monde passe par le prisme des émotions et s’échoue dans la création. L’art doit tendre au divin, l’art doit sanctifier.
La gloire sépare la mystique de l’art.
Il est certain qu’il y a eu une trahison personnelle, conséquence inévitable d’une envie d’être pareil à celui qui possède le talent, la réussite, la fortune et la position romantique de l’artiste dans le vent.
Quoi de plus poignant que de constater qu’une action commencée dans la turpitude artistique, dont la motivation initiale et honteuse n’est que de faire croitre un ego qui tend à la démesure, puisse parallèlement s’imprégner - sur le long therme, d’unicité et de partage, se gorger d’altruisme, pour finir par s’écouler, se déverser et s’épancher dans la mystique.
De cette ambition primaire de bassesse créatrice, de l’indignité d’être plus, plus que les autres, meilleurs que tous, au-dessus et au-delà et loin en haut, germe in fine un sentiment et des actes de fraternité, d’universalité et de bienveillance. À l’ignominie, l’infamie et la laideur morale du créateur narcissique qui sans vergogne use de tous les subterfuges – jusqu’à la tricherie, pour produire des œuvres dont le but premier est de stimuler un sentiment de supériorité, une honteuse satisfaction liée au pouvoir et au désir de reconnaissance par la masse, naît comme par miracle un cheminement bien plus puissant que tous les tableaux du monde : le chemin vers la foi.
Quoi de plus profondément ténébreux que la désolation spirituelle ? Dans la vie d’un artiste qui s’ouvre à la mystique, il y a une période obscure plus ou moins longue ou l’âme s’imprègne d’un noir profond, ou elle se fracture et, en morceaux, elle finit par entamer une lente et méthodique chute vers les abysses. Pendant cette traversée sombre où il n’entend pas, n’entend plus, ne ressent pas, ne ressent plus, sa foi vacille sous l’absence de l’expérience de Dieu.
Nulle représentation graphique du divin, du surnaturel, du magique, ne pourra l’aider à remplir le vide qu’il a, par faiblesse, volontairement provoqué.
D’une manière générale, l’artiste, le mystique, l’artiste mystique, est régulièrement en proie au doute et le combat intérieur, entre le bien et le mal, le bien agir et le mal agir, le bon et le mauvais, la bonne action et la mauvaise action, la beauté et la laideur, occupe le quotidien, l’enveloppe de tourments et, de temps à autre, l’inonde de grâce. La dualité est de mise et elle accompagne le chemin d’un homme saint, d’un homme fou. La folie et la sainteté.
La voix, puissante et profonde, la vibration. Les chants sacrés qui imprègnent l’espace, glissent entre les colonnes vers le coeur central, jusqu’au battement pur, l’essence de toute vie. La passion.
Pour celui qui souhaite être juste, pour être juste et que son art soit juste, il faut se faire violence et s’avoir s’abandonner inconditionnellement. La mystique artistique – au sens de la vérité et de la pureté, est d’être vrai pour que son art soit vrai et qu’il dépasse le moi et le je, qu’il s’imprègne du parfum de la sincérité et de l’éternité de la grâce.
— 27 août 2024